Ode à la Vie

GG a fait le voyage jusqu'en France pour voir sa maman et rencontrer les médecins afin d'en savoir plus sur son état de santé. Ca faisait 1 an et demi qu'il ne l'avait pas vue.

"On arrête la chimio, ça ne sert plus à rien, on va passer aux soins palliatifs."

Voilà, le verdict est tombé implacable et glacial. Un moment suspendu, presque irréel ... On le sait quelque part au fond, mais on ne veut pas l'entendre. Non on ne veut pas l'entendre.

Et moi, je suis là sur mon canapé à regarder la neige tomber, je ne peux m'empêcher de penser : Qu'est ce qui se passe dans ta tête quand on t'annonce que ton départ est imminent ... que c'est la fin. Est-ce que tu vois défiler ta vie ? Est-ce que tu penses à tout ce que tu as fait, tout ce que tu n'as pas fait, tout ce que tu aurais aimé faire, tout ce que tu regrettes d'avoir fait. Est-ce que tu as peur ? Est-ce que tu es triste ?

Est-ce que la vie a un autre gout quand on sait qu'elle nous quitte ?  J'imagine que la réponse dans ces cas-là est propre à chacun. 

GG est en train de vivre ses derniers moments avec sa maman. Le fait d'habiter loin rend les choses encore plus douloureuses il me semble. Ou peut-être pas, j'ai vraiment du mal à penser clairement. Car forcément très égoïstement tout ça me renvoie à mes derniers moments avec papa. C'est encore un peu frais.

Et pourtant cette tragique expérience me donne étrangement comme un sursaut de vie. Je regarde chaque chose avec un peu plus de légèreté ou de profondeur comme si tout ce qui pouvait me paraitre grave ou stressant il y a 3 jours avait soudainement un autre sens. Toutes les futilités qui polluent le quotidien semblent dérisoires. Et chaque petit bonheur prend toute sa valeur. Je me rends compte combien je suis chanceuse de pouvoir respirer, de pouvoir aimer tous ceux qui m'entourent, de pouvoir rire, danser, manger ... C'est dingue comme mes kilos en trop n'ont plus beaucoup d'importance aujourd'hui. Je me sens vivante.

Et j'ai envie de profiter comme jamais ... Je me dis que si c'était moi la bas dans ce lit d'hôpital, j'aimerais pouvoir me dire que j'ai vécu pleinement, sans regret, sans remord, avec amour, humour, et joie. J'aimerais pouvoir me dire que j'ai apprécié chaque moment, chaque expérience, que je les ai vécu en conscience et en présence.

Je n'ai pas envie de m'apitoyer sur notre sort, même si oui ce sont des moments douloureux que nous traversons en famille. Je crois que sans le savoir, ma belle maman est en train de m'insuffler une nouvelle énergie, une nouvelle force que je ne soupçonnais pas. Et je me sens empreinte d'une gratitude infinie.

Je lui souhaite de vivre ce dernier bout de chemin sans souffrance et sans crainte. Et à vous qui lisez ce texte, je vous invite à vous joindre à moi pour lui envoyer plein de lumière. Merci ...