Le jugement

Depuis quelques temps je réalise à quel point je suis confrontée quotidiennement et malgré moi au jugement ... le jugement des autres, le jugement bienveillant, malveillant, le jugement maladroit, le jugement inconscient, le jugement collectif et celui qui est vraiment ciblé.

Les voisins qui jugent ta façon d'être parent ou ta capacité à museler un petit qui courre partout dès 7h du mat ...

Ceux qui jugent ton physique : Ah oui marcher ça va te faire tellement de bien ... (traduction : ça bougera peut être la graisse bien calée sur tes fesses)

Les gardiennes qui jugent ton enfant trop vieux ou trop galère à gérer car intolérant au gluten et au lactose.

Ceux qui jugent ce que tu fais, ce que tu dis. Ou ce qu'on a dit que tu as fait. Ceux qui jugent ce qu'ils pensent que tu es en train de faire. Ceux qui jugent que t'aurais pas dû. Ceux qui jugent que tu devrais faire ci ou ça.

Ce jugement c'est une pression permanente quand on y pense. J'ai beau me dire que je m'en fous. J'ai beau me le dire ... la réalité me rattrape.

C'est pas vrai. Je ne m’en fous pas. Et me voilà sur la défensive ... presque agressive : Non je pleurais pas devant le concert de Patrick ! Mais non j'te jure ! Enfin si ... mais tu comprends c'est parce que et blablabla...

Je me raccroche aux branches pour me justifier. Ici et là : "nan mais c'est temporaire, on s'ajuste en ce moment. " Nan mais je vais m'y mettre au régime " là je peux pas trop mais bientôt ... Nan mais j'vous jure, je suis une gentille ...

Le pire je crois c'est que ce jugement des autres reflètent notre propre jugement sur nous-mêmes. Quand on y pense, ça fait peur ... non quand on y pense, ça fait mal. Chaque jugement émis c'est ce qu'on n'ose pas se dire en vrai : Pardonne-toi si tu veux que les autres oublient toute cette histoire et te pardonnent. Aime-toi si tu veux que l'on t'aime.

Et au-delà de ça, ce qui est dingue c'est qu'on ne peut pas s'empêcher de vouloir juger les autres à notre tour.

Accepter l'autre tel qu'il est. Sans vouloir le changer.  Sans lui imposer quoi que ce soit. Juste le laisser être. Le laisser Libre d'être.

C'est mon plus grand challenge actuel, mon challenge de maman. Mon challenge d'épouse, d'amie de thérapeute, de femme.

C'est frustrant pour une maman d'entendre son enfant se dévaloriser. S’imposer des limites à cause de fausses croyances. C'est encore plus frustrant pour une maman thérapeute consciente du pouvoir de l'intention. Ca me tord les boyaux ... et ça c'est la manière polie et jolie pour dire que ça me rend folle. Mon fils grandit ... s'impose. Enfin essaye de s'imposer. Et je bloque. Je n'y arrive pas. Bien sûr, il a un caractère bien trempé. Bien sûr, il sait ce qu'il veut, ce qu'il pense. Et il  est plutôt entêté (on se demande de qui il tient !) C'est la guerre des nerfs ... Entre mon envie de lui imposer ma conscience et son besoin de liberté, amplifié par tous les changements que nous expérimentons, le déménagement, l'adaptation etc ...
Yep, y a de la rumba dans l'air.

Et je nous regarde, son père et moi nous entêter dans notre attitude, et je le regarde essayer tant bien que mal de se plier à notre volonté sans y parvenir. Et ca marche pas. J'ai beau avoir la plus belle des intentions, de vouloir le protéger, le guider, lui tenir la main, pour l'empêcher de faire les erreurs que j'ai faites. Pour avancer sur un chemin plus lisse que celui que j'ai moi-même emprunté. Je dois me résoudre à le laisser avancer à sa guise et apprendre de ses erreurs. Il vient d'avoir 9 ans ... Il capte tout avec ses propres récepteurs. Il comprend, il ressent. Il a une sensibilité incroyable. Il grandit trop vite ... que c'est douloureux d'accepter que je ne peux pas lui donner tout ce que j'ai, que je dois le laisser être. 

Comme je dois laisser ETRE, chaque personne que j'aime, chaque personne que je côtoie. Aimer l'autre c'est lui donner sa liberté. Sinon c'est un amour conditionné.

 "Aimer c'est laisser l'autre être lui-même sans l'obliger à s'adapter à notre image. Sinon nous n'aimons que le reflet de nous-mêmes que nous voyons en lui.